09 octobre 2007
C’est mon nom. Du moins, au travail. Comme les stagiaires changent aux quatre mois, ça ne vaut pas la peine qu’on nous fasse une pancarte avec notre nom, alors c’est comme ça qu’on est identifié. En plus, ça permet aux gens de nous trouver lorsqu’ils ne peuvent pas mettre un visage sur cette fonction. Mon titre le plus juste serait « stagiaire en révision et en rédaction française », puisque mon travail consiste en 60-75 % de révision (quoique, c’est souvent des révisions qui tournent en réécriture) et le reste en rédaction.
Une stagiaire a, comme tout le monde, un bureau à cloisons beiges (cubicule, en mauvais français). Si on est vraiment chanceux, on peut avoir une fenêtre, même deux, mais les bureaux avec fenêtres sont rares et très convoitées, surtout lorsque le paysage extérieur est le Château Frontenac ou le fleuve Saint-Laurent. Je n’ai pas de fenêtre, mais j’ai personnalisé mon bureau avec des affiches, que j’amasse dans les sites historiques que je visite pour mon travail, et avec ma bouteille d’eau du Memorial University of Newfoundland, qui est bizarrement toujours vide.
Généralement, les stagiaires n’ont pas l’équipement le plus récent. C’est mon cas, tout le monde a un de nouveaux écrans plats, sauf moi et Stagiaire en traduction, mon autre collègue sans nom. Par contre, j’ai le plus grand écran de l’étage, puisque je dois faire du montage dans InDesign. Pour la même raison, je suis la seule, avec la secrétaire de la direction, à avoir un scanneur.
Mon statut de stagiaire en rédaction me donne le privilège, tout comme à ma superviseure, d’avoir les ouvrages de références les plus récents. Ce qui est très pratique, mais qui amène parfois Collègue en diagonal à venir me piquer mes dictionnaires.
J’adore mon stage, surtout que, à part le nom à côté de ma porte, rien n’indique que je suis une stagiaire. Mon avis est pris en considération au même titre que celui des autres et je me fais arrêter devant le micro-ondes, dans l’ascenseur et même aux toilettes pour mon expertise en français. Le 24 octobre, j’entendrai un de mes discours sortir de la bouche d’un politicien et j’ai participé à la réécriture de pancartes qui resteront pendant des années sur la promenade des Gouverneurs. J’ai déjà mon nom dans quelques documents imprimés et je peux commence à me faire un portfolio qui a de l’allure et dont je peux être fière.
Vraiment, dans ces conditions, j'adore être une stagiaire.