11 octobre 2007
«Jeannot, tu leur diras de raconter notre histoire, dans leur monde libre. Que nous nous sommes battus pour eux. Tu leur apprendras que rien ne compte plus sur cette terre que cette putain de liberté capable de se soumettre au plus offrant. Tu leur diras aussi que cette grande salope aime l'amour des hommes, et que toujours elle échappera à ceux qui veulent l'emprisonner, qu'elle ira toujours donner la victoire à celui qui la respecte sans jamais espérer la garder dans son lit. Dis-leur Jeannot, dis-leur de raconter tout cela de ma part, avec leurs mots à eux, ceux de leur époque. Les miens ne sont faits que des accents de mon pays, du sang que j'ai dans la bouche et sur les mains.»
Avec ce livre, on est loin des histoires fleur bleue et d’amourette des six premiers de Marc Levy. C’est une histoire forte, tirée d’un fait vécu. La guerre, l’Holocauste, la fuite, ce ne sont pas des prétextes pour l’histoire, ce sont l’histoire. Marc Levy sort enfin de sa recette de succès toute faite pour offrir quelque chose de plus profond. On vit avec les personnages, on ressent ce qu’ils ressentent, on a peur pour eux, on a mal avec eux… Le meilleur de Levy jusqu’à maintenant, même si le bond entre la légèreté des premiers livres et la dureté de celui-ci a été difficile à franchir.
J’aime bien ce verbe « résister ». Résister, à ce qui nous emprisonne, aux préjugés, aux jugements hâtifs, à l’envie de juger, à tout ce qui est mauvais en nous et ne demande qu’à s’exprimer, à l’envie d’abandonner, au besoin de se faire plaindre, au besoin de parler de soi au détriment de l’autre, aux modes, aux ambitions malsaines, au désarroi ambiant.
Résister, et… sourire.
Emma Dancourt