Évangéline & Gabriel – Pauline Gill

10 février 2008

Les Acadiens Évangéline Bellefontaine, dite LaBiche, et Gabriel Melanson portent dans leur cœur et dans leur chair la déchirure de tout un peuple arraché à ses racines pour assouvir les ambitions d’un conquérant anglais.

Dans le village de la Grand’Prée, Évangéline et Gabriel vivent, en 1755, les premiers frissons d’un grand amour. L’innocence de leur jeunesse se heurte bien vite aux mouvements des troupes anglaises, qui se font de plus en plus présentes dans le Bassin des Mines. Un complot se trame au fort Edward, où siège le lieutenant-gouverneur Charles Lawrence.

Séparés, emprisonnés, dépossédés de leurs biens, les jeunes époux, impuissants, voient les soldats anglais vider l’Acadie de ses habitants, entasser ceux-ci dans les cales nauséabondes de vaisseaux surpeuplés, pour ensuite les jeter comme des épaves sur les rives des colonies anglaises d’Amérique. L’amour d’Évangéline et de Gabriel, plus solide que le cap Blomidon, résistera-t-il au génocide de leur peuple?

Cet amour a donné une voix aux Acadiens, qui en chantent la légende depuis deux siècles.

Une très belle histoire d’amour sur fond historique. J’adore l’histoire et depuis que je m’y intéresse, la déportation des Acadiens m’a toujours captivée. Je connaissais vaguement la légende d’Évangéline et Gabriel, par des chansons généralement, mais la façon dont Pauline Gill la raconte la rend encore plus vraie. J’ai compris certaines nuances, certains faits, l’aspect humain en particulier, tels qu’on ne les aborde jamais dans les livres d’histoire. C’est le genre de livres que j’aime, une légère trame romanesque sur de grandes bases historiques.

Je mets un extrait que j’ai trouvé particulièrement beau. Surtout pour quelqu’un qui, comme moi, adore l’eau et la mer. L’extrait parle de l’accouchement et des contractions.

« C’est comme la marée montante, ma brave Clara. La première vague vient de loin et atteint à peine l’endroit où on se trouve sur la rive. Puis, la prochaine se rapproche, et ainsi de suite jusqu’à ce que nous devenions la mer elle-même. C’est pour cela que ces deux mots, mer et mère, se prononcent pareil. Il n’y a que la façon de l’écrire qui est différente, tu sais. Mais nous, celles qui parlons juste, on n’en fait pas, de différence. On sait que c’est la même mère ou mer! Peut-être parce que ce sont les hommes, pas les femmes, qui ont inventé l’écriture et qu’ils pensaient que ce n’était pas la même chose. Clara, quand les vagues commencent à se rapprocher, comme elles le font maintenant, il reste juste à laisser ce petit être que tu nous donnes nager dans les eaux tumultueuses de la Grande Vie. » p. 365


Livre lu pour le défi Le nom de la rose.