Influences professorales

29 mai 2008

Intellexuelle parle d’un sujet inspirant aujourd’hui : les professeurs qui ont influencé notre vie. Je dirais qu’il y a eu cinq figures marquantes dans ma carrière académique.

Madame Danielle Couture, en 5e année : Elle était sévère, très sévère, mais tellement juste. Je crois que tous les élèves la craignaient autant qu’ils l’aimaient. Elle n’acceptait pas la paresse et était avare de compliments, mais quand elle appréciait ce qu’on faisait et le disait, ça illuminait notre journée. C’est avec elle que j’ai commencé à faire du bénévolat pendant les journées pédagogiques et que j’ai eu la piqûre de l’enseignement. Elle est décédée au début de mon 3e secondaire dans un bête accident de voiture. Ça m’a vraiment fait un choc, et je pense encore régulièrement à elle, surtout quand je me sens paresseuse.

Monsieur Ghislain Pouliot, en 6e année : Première vraie figure masculine de ma vie je dirais, surtout que mon père était déjà généralement absent, même si mes parents n’étaient pas encore séparés à l’époque. Pendant cette année-là, il m’a donné beaucoup de responsabilités et il avait une confiance en mes capacités que j’ai mis bien des années à avoir pour moi-même.

Madame Lucie XXX, français de 4e secondaire : Je ne l’ai eu que 2 mois, à mon souvenir, et je ne me rappelle même plus son nom. Nouvelle diplômée, elle remplaçait mon professeur qui était à la préretraite. Je dirais qu’elle m’a sauvé la vie, ou du moins, ma vie scolaire. Mes quatre premières années de secondaire ont été un enfer. J’étais le souffre-douleur de ma cohorte et il ne se passait pas une journée sans qu’on m’enferme quelque part, qu’on me vide une poubelle sur la tête ou qu’on colle mon cadenas. Je me cachais à la bibliothèque, qui était devenue mon refuge, pour fuir les mots qu’on me disait à chaque instant de la journée. En quatre ans, personne ne s’est aperçu, ou n’a voulu voir, ce que je vivais, sauf elle. Mon groupe de français réunissait tous mes pires bourreaux et j’en étais venue à détester cette matière. Après seulement une semaine, elle a réagi. Elle a pris ma défense devant toute la classe et elle m’a donné le choix de faire ou non mes exposés oraux. Directement, son implication ne m’a pas aidée, au contraire, mais cette journée-là, elle m’a démontré que je valais quelque chose, que je ne méritais pas ce que je vivais. En fait, elle m’a redonné espoir. Je ne l’ai jamais revue après, mais je rêve qu’un jour je pourrai lui dire tout ce qu’elle a fait pour moi.

Monsieur François Yelle, 1re session en communication : Première session, premier cours. Les appréhensions. Je viens de me « planter » en enseignement et je suis terrorisée à l’idée d’encore me tromper. Ça serait mentir que de dire que je l’ai apprécié immédiatement. En fait, il me terrorisait. J’ai passé la moitié de la session à éviter de lui parler et de lui poser des questions. Puis, peu à peu, j’ai commencé à participer en classe et j’ai découvert quelqu’un passionné par son domaine, brillant et généreux de ses connaissances. Je n’ai jamais autant travaillé de ma vie pour un seul travail, mais je voulais être à la hauteur. Je sentais que lui remettre un travail bâclé serait un manque de respect. J’ai beaucoup appris pendant ce cours-là, et pas seulement sur la communication. Je reste persuadée qu’il a aidé à poser les bases de la professionnelle en devenir que je suis.

Madame Monique Painchaud, 2e session en communication : J’étais entrée en communication avec un seul objectif en tête : devenir réviseure linguistique. Je faisais les cours avec intérêt, oui, mais avec des œillères. Le deuxième cours de rédaction a tout changé. J’ai appris à aimer écrire et j’ai découvert que je n’étais pas aussi nulle que je le croyais. Pendant cette session-là, j’ai repoussé mes limites et pris de l’assurance. Elle m’a fait découvrir que même l’écriture d’un communiqué n’était pas aussi ennuyante que je pensais. Elle m’a encouragée à essayer autre chose, à profiter des stages pour m’ouvrir les horizons. Ce que j’ai fait. Maintenant, tout du domaine de la communication m’intéresse et le stage que je fais présentement est en train de spécifier un peu plus ce que j’ai envie de faire de ma vie.

À ces personnes, j’ajouterais madame Chantal Montpetit. Ce n’est pas une professeure, mais la conseillère pédagogique attitrée à notre programme. Je l’appelle notre phare. Une incertitude sur les cours, sur notre futur, sur notre vie, elle est là pour nous écouter. Toujours souriante, elle a vraiment le don de nous faire sentir mieux et les bienvenus. En plus, même si elle s’occupe de plusieurs centaines d’étudiants, la deuxième fois qu’on va la voir, elle se rappelle notre prénom et nous demande des nouvelles de nos stages, de nos cours, de nous. Une vraie perle que je souhaite à tous ceux qui doutent ou qui ont un moment de découragement. Je suis certaine qu’il y aurait moins de personnes qui abandonneraient leurs études supérieures s’il y avait une personne comme elle dans chaque université.

Merci à ces six personnes et à toutes celles qui, à plus petite échelle, ont eu un impact positif sur ma vie.