Dix-huit trous pour quatre

04 juillet 2007

La cloche sonne, c’est l’heure du golf. Pour un deuxième été, le théâtre La Marjolaine à Eastman présente la comédie Dix-huit trous pour quatre, de l’auteur canadien Norm Foster. Ici, pas de triangle amoureux ou de porte qui claque, mais quatre hommes (Marc-André Coallier, Stéphan Coté, Joël Marin et Luc Senay) qui se rencontrent sur un terrain de golf au lendemain de leurs retrouvailles universitaires. Les dix-huit trous ne seront alors qu’un prétexte aux souvenirs, aux ragots, aux récits de vie, aux coups de gueule, et peut-être même aux grandes vérités.

La pièce n’est même pas commencée que la séduction opère. Juste par sa présence, le théâtre nous raconte son histoire. Il n’y a aucun doute, ces lieux sont habités par un amour de la scène et par les générations de comédiens et de chanteurs qui s’y sont succédé. Lorsque la cloche sonne le début imminent de la pièce, on s’installe avec les moustiques dans la salle qui a gardé son cachet d’antan. On en ressortira quelque deux heures plus tard, le sourire aux lèvres, avec peut-être quelques piqûres en plus.

Avant de donner le coup d’envoi, Marc-André Coallier se présente sur scène pour raconter l’histoire de La Marjolaine. On ne s’était pas trompé, ce lieu est « hanté » de souvenirs et on se sent maintenant au sein d’une grande famille. Le lien est créé avec le public.

La partie commence et les lumières s’ouvrent sur un décor minimaliste. Les golfeurs entrent en scène et le ton est donné. On voit venir les gags de loin, mais cette anticipation ne fait qu’ajouter au plaisir. En première partie, les rires se succèdent, bien que quelques blagues tombent à plat. Alors que les ricanements sont prévisibles, les moments plus dramatiques prennent le public par surprise et font réfléchir. Après l’entracte, les vérités commencent à jaillir entre les quatre protagonistes et les moments d’émotions prennent le dessus sur les rires alors que sont traités des sujets tels que l’infertilité, la famille ou l’alcoolisme. Les éclairages accentuent les émotions, passant du bleu-harmonie au rouge-colère.

La mise en scène, signée par Yvon Bilodeau, est convenue. Les entrées et sorties de scène sont plutôt répétitives, mais avec le contexte de l’histoire, il aurait été difficile de faire autrement. De belles trouvailles sont par contre utilisées : l’exécution d’un coup au ralenti avec la musique de circonstance ou la performance vocale et instrumentale avec les bâtons et les sacs comme accessoires musicaux. Les comédiens campent bien leurs personnages et sont réalistes dans leur interprétation. Seul le rôle de Paul (Joël Marin) est difficile à croire, non pas à cause de l’interprétation de l’acteur, mais par la nature même du personnage. On a du mal à s’imaginer qu’une personne d’une telle naïveté, pour ne pas dire innocence, puisse être diplômée en affaires et commerce. C’est toutefois ce même Paul qui offre le plus beau moment d’émotivité de la pièce en deuxième partie.

Un décor enchanteur, du théâtre d’été différent, une soirée qui finit en beauté au son de la musique d’Esther et ses messieurs, et juste une envie, y retourner, ne serait-ce que pour prendre un verre au Piano rouge.