Un pont, une rivière asséchée dans un paysage désolé, la guérite d’un gardien mal luné, une route qui se perd à l’horizon, un marchand qui pense le monde, un vieillard, un petit enfant, et puis l’attente. Rien ne bouge ou presque. Nous sommes en Afghanistan, pendant la guerre contre l’Union soviétique. Le vieil homme va annoncer à son fils qui travaille à la mine, le père du petit, qu’au village tous sont morts sous un bombardement. Il parle, il pense : enfer des souvenirs, des attentes, des remords, des conjectures, des soupçons… C’est une parole nue qui dit la souffrance, la solitude, la peur de n’être pas entendu.
Tant de choses dans un tout petit livre, même pas 100 pages. D’abord, une écriture originale : le narrateur parle à la deuxième personne du singulier. « Tu sors une pomme du baluchon rouge gol-e-seb, et tu la frottes contre ton vêtement poussiéreux. » Ça prend quelques pages pour s’y habituer, mais ensuite, ça passe rapidement. Le récit n’est pratiquement qu’un monologue. Un vieil homme qui est sur le chemin avec son petit-fils pour annoncer une triste nouvelle à son propre fils. Peu de pages, beaucoup d’émotions, une introduction à la culture afghane : un petit livre qui fait réfléchir.