Les 3 p’tits cochons sont-ils des porcs?

15 août 2007

Dans ce premier long métrage de Patrick Huard, les trois petits cochons font plutôt figure de gentils loups dans cette adaptation, pour adultes, du célèbre conte, pour enfants. Le benjamin des petits cochons (Guillaume Lemay-Thivierge) a une femme (Julie Perreault) et une petite maison. Le cadet (Claude Legault) a aussi une épouse (Isabel Richer), une maison de banlieue ainsi que deux enfants. L’aîné (Paul Doucet), qui n’est pas en reste, habite une maison cossue, avec sa femme (Sophie Prégent) et sa fille. À première vue, ils ont tout pour être heureux. Mais le sont-ils vraiment?

Alors que les trois frères sont réunis autour de la femme importante de leur vie, leur mère (France Castel), on voit ce qui en retourne vraiment. Mathieu trouve trop routinière sa vie de métro-boulot-dodo avec Geneviève et raconte comment il lorgne de l’œil vers sa collègue Josiane (Mahée Paiement). Subjugué et impressionné par son aîné, Christian avoue faire usage du cybersexe pendant qu’Hélène (Julie Perreault) patrouille. Pour Rémi, la vie est belle, du moins, en apparence, et il ne se gêne pas pour indiquer à ses frères qu’ils sont sur la mauvaise voie.

Ce nouveau film, du duo de scénaristes Pierre Lamothe et Claude Lalonde, semblait prometteur, mais il ne remplit malheureusement pas toutes ses promesses. L’histoire est parsemée de longueurs qui embourbent inutilement l’œuvre finale. D’ailleurs, toutes les scènes mettant en vedette Gaston (un Luc Senay méconnaissable) ne servent pas vraiment l’histoire. Par contre, l’entrecroisement des récits des trois frères, qui se déroulent en parallèle et qui parfois se croisent, est fait de façon judicieuse et permet au cinéphile de ne pas se perdre. L’acteur, l’humoriste, l’auteur, le metteur en scène, l’animateur, et finalement, le réalisateur Patrick Huard montre de cette façon qu’il mérite sa place dans le monde la réalisation. Le visionnement d’une scène selon le point de vue de chacun des cochons, l’interprétation n’est pas la même, est une belle trouvaille.

La première moitié du film est marquée par une caméra nerveuse, qui bouge beaucoup. Cet effet s’estompe au gré des événements. Tout au long de l’histoire, on a également droit à une narration par les personnages principaux qui viennent souligner à gros traits les évidences et ce que l’on voit à l’écran. À de nombreux moments, celle-ci aurait pu être oubliée sans que soit perdu le sens de l’histoire et en allégeant le film du même coup. À noter toutefois, la musique qui soutient bien le propos, avec des chansons de Marie-Jo Thério et Les Trois Accords, entre autres.

On croit aux couples Prégent/Doucet et Richer/Legault. De son côté, le couple Perreault/Lemay-Thivierge ne convainc pas. D’ailleurs, Hélène devient rapidement antipathique, rendant presque excusables les écarts d’un Christian « charmant ».

Au final, cette comédie dramatique fait plus réfléchir que rire, elle est plus près du drame que de la comédie pure. Sans toutefois comprendre ou pardonner leurs écarts, il est impossible de haïr ces trois petits cochons attachants. À voir pour s’ennuyer un peu, rire beaucoup, réfléchir à la folie.

Cote : ***