«De quel calvaire suis-je donc descendue pour tout vendre d'un coup? Et fuir pendant des jours, des jours et des jours. Vouloir oublier. De fuites en aiguilles. Tellement de brouillards qui dansent. Des lambeaux de souvenirs. Et. »
Une jeune femme quitte tout pour aller s'installer au fond des bois. Elle veut refaire sa vie, recommencer à zéro. Mais les voisins sont là... Entre un gros gras grand musicien irresponsable qui accumule les lettres d'amour sans les ouvrir, un Amérindien qui lit Gaston Miron et un violoniste relayeur de folklore, elle a du mal à se franchir et le bar se transforme en refuge. Jusqu'à ce qu'arrive Agnès, une enfant battue de huit ans, qui s'attache à elle et s'acharne à entrer dans son histoire.
Whisky et Paraboles est le journal d'Élie, une jeune trentenaire, qui tente de se pardonner tout ce qu'elle ne peut pas être. En triturant les mots, en bousculant les phrases, elle cherche à exorciser les vieux démons de l'immobilisme, du prêt-à-penser et de la parole toute faite.
Malgré un début un peu troublant, j’ai rapidement embarqué dans l’histoire. En fait, à partir de l’arrivée d’Agnès/Amorosa, je n’ai pu m’empêcher de lire le reste du livre d’un trait. C’est une écriture particulière, remplie de non-dits, mais qui touche. En général, j’ai de la difficulté avec les livres qui essaient trop de reproduire l’oralité, mais dans celui-là, ça coule très bien et on a l’impression d’entendre les personnes parler. Surtout Amorosa, qui a des tics de langages liés à son âge. Le commun filtre avec l’ordinaire, on est emporté par les mots, par les gens, on s’y attache et, à la fin du livre, on ne veut pas les laisser partir…
Voici un extrait que j’ai particulièrement aimé :
« Je n’ai rien demandé parce que ça ne me regardait pas et qu’on est mieux, souvent, de ne pas formuler de questions; c’est la meilleure façon d’avoir des réponses » p. 75
C’est ce que je pense aussi, si bien que je passe souvent pour une personne désintéressée parce que je ne bombarde pas de questions. Parfois, je me force à en poser. Bien sûr, les réponses m’intéressent véritablement, mais j’ai toujours l’impression d’entrer dans le jardin secret des gens avec mes grosses bottes sales…